Le mouvement des MSP innove quotidiennement en inventant de nouvelles pratiques professionnelles et interprofessionnelles. Ces innovations découlent en grande partie des possibilités ouvertes par la fonction de coordination. Parmi elles, on retrouve notamment la pratique avancée et la participation des usagers.
La fonction de coordination
La transformation des soins primaires à l’œuvre dans les MSP a mis au jour une nouvelle fonction, vite apparue comme essentielle et indispensable aux équipes : la fonction de coordination.
Le coordinateur anime la vie d’une équipe de proximité au quotidien, coordonne les actes de soins des professionnels de l’équipe, anime le projet de santé, gère la structure dans tous ses volets administratif, légal, financier.
Cette mission est assumée, à temps partiel ou à temps complet, soit par un professionnel de santé de l’équipe qui y dédie une partie de son temps de travail, soit par un coordinateur qui a été formé et en a fait son métier.
Afin d’en définir les contours et les enjeux, et d’illustrer les atouts de cette fonction, la « commission coordination » d’AVECSanté a publié un guide pratique de la coordination en soins primaires.
Voir aussi : le partenariat PACTE
La pratique avancée
Toutes les professions impliquées dans le travail en MSP sont impactées par l’exercice pluriprofessionnel. La collaboration entre les différents professionnels, intensifiée par la coordination, rebat les cartes du partage des compétences. La pratique avancée est une expression. Elle désigne, pour les professionnels non-médecins, la possibilité d’investir des actes (soins, diagnostics, prescriptions) qui jusque-là étaient demeurés la prérogative exclusive des médecins généralistes. L’IPA, infirmier en pratique avancée, en est la figure la plus connue.
Il est tout à fait concevable, par ailleurs, que les masseurs-kinésithérapeutes, les pharmaciens, les sages-femmes, etc. assument à leur tour la responsabilité de certains actes réservés aux médecins, dans un futur proche, notamment dans les MSP.
Focus sur les MSP participatives
Les MSP participatives visent à rendre les usagers acteurs de leur santé. Prenant plus particulièrement en charge des populations précaires, elles proposent un accompagnement médico-psycho-social. Elles réunissent des médecins généralistes, des assistants médicaux, des infirmiers, des psychologues, des interprètes, des médiateurs en santé, des assistants sociaux, autour d’un projet de santé centré sur les usagers. Afin d’améliorer l’accès aux soins des habitants des territoires défavorisés, le ministères des Solidarités et de la Santé, en concertation avec le ministère chargé de la Ville, a étendu une expérimentation visant à installer la participation des usagers dans notre système de santé. 6 structures pilotes étaient initialement impliquées, dont une MSP. Depuis le 1er mars 2022, ce sont 13 maisons de santé pluriprofessionnelles, sur un total de 26 structures de soins, qui participent et proposent un accompagnement à la fois médical, psychologique et social aux usagers. Dotée de 30 millions d’euros pour deux ans, cette expérimentation se donne pour objectif de favoriser les démarches d’aller-vers, par l’instauration d’espaces de parole, des actions de médiation en santé, ou encore d’interprétariat professionnel. L’expérimentation devra produire des données probantes à des fins de généralisation.
Les jeunes pros, leviers du changement
Les jeunes professionnels de santé, étudiants, en voie d’installation ou installés, se montrent très attirés par l’exercice en maisons de santé pluriprofessionnelles (en MSP, 40% des médecins généralistes libéraux ont moins de 40 ans, contre 11% pour les autres médecins généralistes libéraux, selon le rapport charges et produits 2021 de la CNAM, p 180). AVECsanté accompagne cette dynamique au moyen de quatre leviers : la promotion et le développement des stages pluripros, les interventions dans la formation initiale, la déconstruction des représentations et le tissage de liens avec les syndicats étudiants ou de jeunes pros.